L’histoire du Rosebud

Le Rosebud est un bar à cocktail dans le quartier Raspail/Montparnasse de Paris. Lorsque l’on y entre, on change de siècle, avec un décor très rétro-classe américain, on a l’impression de passer une soirée ailleurs. Le jazz enveloppe, le service est précis et les boissons exceptionnelles.

C’est l’endroit qu’avaient choisi Sam et Val pour nous rencontrer.

Nous avions déjà avec Sarah, exploré beaucoup de sensations libertines depuis plusieurs années, et l’envie de rencontrer un couple, ce qui était plutôt rare, revenait ces derniers temps avec insistance.

Après quelques échanges sur un site libertin avec Sam puis avec Val, nous osions donc convenir d’une rencontre. Endroit neutre, l’objectif était de faire connaissance autour d’un verre, rien de plus : nous ne voulions rien brusquer, eux non plus, ils débutaient également de leur côté.

Lorsque Sam m’indiqua le lieu du rendez-vous et son nom je ne pu m’empêcher de sourire. Je ne dis rien, mais la seule chose qui me venait en tête était ce petit objet métallique orné d’une verroterie colorée que j’avais offert à ma femme quelques semaines auparavant pour décoré son anus lorsque je souhaitais me noyer en elle. Je voyais donc ici un clin d’oeil au jouet sexuel tout a fait pertinent pour illustrer le cadre de notre rencontre. L’esprit me plaisait.

Nous arrivâmes un peu en avance ; les aléas de leurs activités professionnelles ne permettant pas à nos futurs complices d’être à l’heure nous en profitions pour prendre un premier cocktail (base whisky pour moi, base gin pour elle). C’était d’ailleurs une chance de pouvoir s’imprégner de l’ambiance, du lieu et du moment avant une telle rencontre et l’opportunité de nous détendre.

Nous n’avions pas finis nos verres que Val et Sam arrivaient. Si nous avions déjà tourné la tête, un brin curieux et tendus, au son de la porte qui s’ouvrait auparavant, cette fois nous étions surs, charmés et rassurés. Nous avions vu des photos bien sur, mais cela peut parfois être trompeur (ce fut par exemple mon cas pour Val qui se vit rassurée elle aussi par la réalité quand la photographie ne m’avait pas mis tant que ça en valeur, en tout cas vis à vis de ses critères physiques).

L’échange fut immédiat, plein, agréable. Nous ne ressentions aucune pression et n’avions pour objectif que d’apprendre à nous connaitre, partager nos chemins, se découvrir un peu plus et envisager nos envies, communes ou non.

A un moment donné, je posais, taquin de nature, la question qui me brûlait les lèvres depuis nos derniers échanges virtuels avec Sam : “Alors ? Le Rosebud… Est-ce un clin d’oeil ?”

L’incompréhension totale se lisait de manière flagrante sur les beaux visages de nos nouveaux amis. Tendresse. À ma grande surprise ils ne savaient pas ce qu’était un rosebud. Après les avoir renseigné, et partagé hilares la cocasserie de la situation, le hasard de cette trouvaille donna un charme à cette rencontre encore plus grand et un goût d’unique.
Lorsque nous nous sommes quittés, je leur promis une suite à cette histoire de Rosebud.

Nous décidâmes de nous revoir rapidement, chez nous, un lieu plus intim(ist)e, qui devait nous permettre de se découvrir définitivement.

Nous aimions le champagne, il en amenèrent. Ils aimaient le bon rhum nous en avions. Nous partagions tous, il me semble, l’envie d’une folie et d’un certain lâcher prise.

Je servis un verre à tout le monde et m’esquissa le temps d’un instant. Lorsque je revins, Sam, entreprenant et décidé, avait déjà invité nos femmes à s’embrasser, ce qu’elle faisaient avec beaucoup de sensualité.

Je regardais la scène au ralenti, les deux langues s’effleuraient sous la supervision étroite de cet homme qui avait su d’emblée faire tomber toutes les barrières de la gêne, de l’indécision et de la timidité. J’entrepris de m’asseoir à côté de ces trois corps qui se touchaient, habitué sans doute d’être l’heureux et privilégié spectateur des ébats de ma femme (ce qui d’ailleurs me convenait parfaitement) lorsque j’eus la surprise de voir Val se tourner vers moi, me tendre la main et offrir ses lèvres aux miennes.

Nous partagions tous les 4 un moment d’une sensualité intense, rare, naturelle et enivrante. Enveloppés d’une chaleur électrique Sam et moi dénudions le sexe de la femme de l’autre et entamions un voyage vers le plaisir de donner.

Cette proximité immédiate entre nos corps enfiévrés à tous, la chaleur qui s’en dégageait et l’excitation atteignant des sommets jusque là inconnus, ouvrèrent même de nouvelles portes, et c’est amoureusement surpris que je vis ma femme, de nature réservée, timide presque docile en matière de sexe et d’échange, approcher sa bouche de la vulve de Val, entreprenant elle aussi le voyage qu’humblement j’avais initié plus tôt. Une première. Quelle première !

La jouissance aurait été à son comble si alors qu’un fantasme était en train de se réaliser, la pression n’avait pas réduit la fougue de mes pensées confuses (peut-être dépassées) à une timidité de corps presque maladive. Alors que l’amour de ma vie s’employait à se faire dresser mon envie afin de revenir un peu à l’homme; Val, soutenu par Sam, vint à nous afin d’embrasser ma chère et tendre sur mon sexe.

A aucun moment, je ne pus sortir de ce cercle vicieux qui me voyait le témoin malheureux d’une défaillance si bête. À la fois je ne profita pas de ces deux bouches enfiévrées, mais je m’en voulais un peu de ne pas avoir pu donner plus de moi-même à ces deux superbes femmes.

Il me sembla (peut-être me trompe-je) que cette faille virile fut également partagée par mon acolyte masculin. Ce qui est sur, c’est qu’animé pourtant d’une envie contagieuse, son sexe ne profita pas non plus des attentions et envies de ma femme.

Le moment de se désaltérer étant arrivé, la pression retomba doucement comme un voile léger afin de protéger pudiquement un moment hors du temps. Nous revenions à l’échange verbal, à l’approfondissement de la découverte de nos univers et reprenions notre souffle.

Si Sam profita furtivement une dernière fois du corps de Sarah, nous restions sages avec Val, certainement de mon côté encore gêné de la piètre exubérance que j’avais pu lui témoigner plus tôt.

Avant de nous quitter et afin d’honorer la promesse que je leur avais fait lors de notre première rencontre, je prêtais à nos invités le rosebud de ma femme avec sa complicité.

Nous les imaginons encore de temps en temps, penser à nous en profitant de ce bel objet, symbole d’une rencontre, d’un jeu, d’un échange, symbole de plaisirs de partage et de sexe.

Cette expérience est certainement la plus belle que nous ayons vécu avec un couple pour le moment. D’abord parcequ’elle a été facile, ensuite parceque l’alchimie a été immédiate et le charme de certaines maladresses donnaient également à nos échanges une dimension pudique, vraie, nue. Nous nous sommes plus, et le temps d’un moment 2 couples n’en ont formé qu’un.